Lorsqu’il est question de paix, ou de son absence, l’attention se porte souvent sur les conflits les plus médiatisés. Pourtant, au-delà de ces crises qui font la une des journaux, de nombreuses se déroulent dans le silence, invisibles et ignorées, avec des conséquences tout aussi dévastatrices pour des millions de personnes. Aujourd’hui, le monde fait face à 59 conflits armés actifs – le plus grand nombre depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est pas un chiffre abstrait, derrière cela se cachent des réalités humaines profondes : 460 millions d’enfants vivent dans la violence, 122 millions de personnes sont déplacées et plus de 300 millions dépendent de l’aide humanitaire pour répondre à leurs besoins fondamentaux.
Dans un monde marqué par tant de violences, parler de paix peut sembler naïf. Pourtant, renoncer à en parler, c’est laisser la violence l’emporter. Si nous cessons de parler de paix, nous cessons de croire qu’elle est possible. La paix ne se résume pas à l’absence de guerre. C’est la pratique quotidienne du dialogue, du respect et de la coopération. Elle exige du courage, une volonté partagée, et des actions concrètes à tous les niveaux. Cet engagement urgent est au cœur du thème de la Journée Internationale de la Paix 2025 : « Agissons pour un monde pacifique ».
Lorsque nous évoquons cette Journée, il est essentiel de réfléchir à la manière dont chacun peut contribuer, au quotidien, à faire de la paix une réalité. Agir, c’est avant tout reconnaître que le moyen de prévenir la haine et apaiser les divisions réside dans le rapprochement des peuples, que ce soit pour éviter les conflits ou pour favoriser la réconciliation. Dans ce cadre, le sport peut jouer un rôle déterminant. Bien au-delà de la performance ou du simple divertissement, il constitue un outil puissant de prévention, de réconciliation et de cohésion sociale. Sur le terrain, il nous enseigne la coopération, le respect des règles et la reconnaissance de l’égalité entre tous.
Depuis près de trois décennies, le potentiel du sport est reconnu dans les textes internationaux. De nombreux gouvernements ont, à leur tour, intégré le sport dans leurs politiques de développement social. En Colombie, par exemple, le sport est inscrit de manière explicite dans le plan national pour la « Paix Totale », où il est utilisé comme un outil stratégique de transformation sociale et de cohésion communautaire dans des régions longtemps touchées par la violence et les inégalités.
Cependant, ce potentiel ne se déploie pas de manière automatique. Cela implique une démarche intentionnelle et requiert un changement de paradigme. Le sport ne doit pas être limité uniquement à la performance ou au divertissement. Il doit aussi – et surtout – être utilisé de façon intentionnelle pour créer du lien entre les communautés et instaurer un climat de confiance.
Ne réduisons pas la paix à une journée symbolique ou à une simple commémoration !
Changeons ensemble l’équation !
Mobilisons le sport non seulement pour renforcer les corps, mais aussi pour renforcer le tissu social ; non seulement pour divertir, mais aussi pour autonomiser. En agissant ainsi, nous pouvons aider des millions de jeunes filles et garçons à développer leur résilience face à la violence et la confiance nécessaire pour choisir la paix. Si nous choisissons d’agir, le sport peut se révéler un vecteur puissant, capable de semer des graines de la paix avant l’émergence des conflits et d’accompagner les processus de réconciliation une fois ceux-ci achevés.
